La décision du roi de Jordanie de mettre fin aux annexes d’un accord signé en 1994 avec le régime israélien concernant l’exploitation israélienne des deux régions jordaniennes d’al-Baqoura et de Ghoumar semble irriter les autorités de Tel-Aviv qui ont menacé la Jordanie de réduire, la part de la ville d’Amman à l’eau, en la faisant passer de son quota actuel de 4 jours à 2 seulement 2 jours par semaine.
En vertu du traité de paix signé en 1994 par Israël et la Jordanie, le gouvernement d’Amman a le droit de ne pas renouveler l’accord selon lequel la zone de Baqoura dans le nord-ouest de Jordanie et celle de Ghoumar située au sud de la mer Morte, sont prêtées aux agriculteurs israéliens.
« Notre décision est de mettre fin aux annexes d’al-Baquoura et de Ghumar, incluses dans le Traité de Paix, par souci de prendre toutes les décisions qui seront profitables à la Jordanie et aux Jordaniens », a déclaré le Roi Abdallah II.
Les Jordaniens ne dissimulent pas leur joie face à cette nouvelle décision. Des campagnes et associations populaires ont appelé les citoyens à descendre dans la rue vendredi prochain pour exprimer leur soutien au roi. Le soutien populaire a encouragé ce dernier à envoyer un message fort aux dirigeants américains et israéliens qui essayaient de convaincre Amman a accepter le plan de l’administration Trump pour la paix au Proche-Orient, appelé le « Deal du siècle ». Il est utile de rappeler que ce "deal" porte sur le renoncement définitif des Palestiniens et des musulmans à la ville sainte de Qods et aux lieux sacrés islamiques et chrétiens.
À ce propos, le quotidien Rai al-Youm a écrit que la Jordanie se trouvait dans une mauvaise situation économique due en partie au fait que les monarchies arabes du sud du golfe Persique n’avaient pas respecté leurs engagements financiers vis-à-vis d’Amman. Cela aurait conduit le gouvernement jordanien à augmenter les impôts et à supprimer une partie des subventions consacrées aux produits de base. Il faut néanmoins souligner qu'Amman ne semble pas en voie de perdre le soutien des Jordaniens à condition que ses dirigeants défendent les intérêts du pays et qu'ils soutiennent la cause palestinienne.
Rai al-Youm ajoute que la population jordanienne s’oppose farouchement au « Deal du siècle » qui suggère le projet d’une confédération jordano-palestinienne. Les États-Unis et Israël proposent cette solution afin de mettre définitivement un terme à la question du retour des millions de réfugiés palestiniens dans leur patrie.
Le Roi Abdallah II de Jordanie a rejeté catégoriquement le projet de confédération avec les Palestiniens suggéré par les États-Unis. Pour lui, cette « solution américaine » n'a aucune valeur. « Il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États et à l'établissement d'un État palestinien avec Qods-Est comme capitale », a déclaré Abdallah II.
Selon le rédacteur de Raï al-Youm, si le projet de confédération se réalisait, ce serait Amman qui en subirait toutes les conséquences de l’occupation israélienne de la Cisjordanie; que cela soit du point de vue politique, économique, démographique ou encore social.
L’analyste de Rai al-Youm souligne aussi la décision du gouvernement jordanien de se démarquer davantage des puissances qui soutiennent le « Deal du siècle » en décidant de rouvrir les passages frontaliers avec la Syrie et l’Irak. Cela relancera d’une part l’économie et les échanges commerciaux de la Jordanie au niveau régional et permettra aussi à Amman d’améliorer ses relations avec la Syrie et l’Irak.
Pendant les semaines à venir, les États-Unis et Israël tenteront d’augmenter leurs pressions sur la Jordanie pour convaincre Amman à renouveler les annexes portant sur l’exploitation israélienne des deux régions jordaniennes d’al-Baqoura et de Ghoumar. Dans ce cadre, Washington pourrait se servir de la suspension des aides économiques à Amman comme un levier de pression sur le gouvernement jordanien.